Cette semaine, plusieurs rebondissements ont eu lieu concernant les (obscurs) contrats passés entre Pfizer et la Commission européenne au sujet des vaccins anti-Covid. Quelques semaines après l’éclatement du Qatargate, les eurodéputés veulent montrer l’exemple.
Un temps perçu comme le sauveur de l’Europe, Pfizer risque d’être exclu du Parlement… et ça chauffe aussi pour von der Leyen
Pourquoi est-ce important ?
Fin décembre, un vaste scandale de corruption éclaboussait le Parlement européen : le Qatargate. Dans la foulée, de nombreuses critiques se sont abattues sur le manque de transparence au sein de l'institution. Désormais, les eurodéputés paraissent enclins à repartir sur des bases plus saines. L'affaire des SMS entre Ursula von der Leyen et Albert Bourla semble constituer une belle occasion de le démontrer.Dans l’actu : les eurodéputés s’activent autour de l’affaire des SMS von der Leyen-Bourla.
- Cette semaine, les eurodéputés ont donné leur feu vert à une proposition visant à interdire l’accès au Parlement européen aux représentants de Pfizer.
- Dans le même temps, il a été décidé de pousser Ursula von der Leyen à venir s’expliquer devant la commission Covid du Parlement pour cette même affaire des SMS.
Rappel des faits : un SMS-gate loin d’être clos.
- Si l’affaire ne fait plus grand bruit depuis plusieurs mois, elle a toujours le potentiel de faire trembler Ursula von der Leyen.
- Pour rappel, en avril 2021, le New York Times révélait que la présidente de la Commission européenne avait personnellement conversé par SMS et par téléphone avec le patron de Pfizer pendant un mois, avant la conclusion d’un accord majeur.
- Peu après, la Commission signait, pour les 27, un contrat permettant d’acquérir 900 millions de doses du vaccin Pfizer-BioNTech (avec une option pour 900 millions supplémentaires).
- Valeur estimée : 35 milliards d’euros.
- Rapidement, les critiques s’étaient levées contre von der Leyen. Pourquoi avait-elle contourné les canaux officiels pour mener les négociations avec Pfizer de façon indépendante ?
- Depuis, ni von der Leyen ni Bourla n’ont accepté de s’expliquer sur leurs SMS.
- En octobre dernier, le patron de Pfizer a même refusé une convocation émanant de la commission Covid du Parlement européen. Et il a remis le couvert deux mois plus tard.
- Du côté de von der Leyen, il était apparu que la Commission ne lui avait pas demandé de dévoiler le contenu de SMS car il ne s’agissait pas de « documents dignes d’être conservés ». De la « mauvaise gestion administrative« , avait fustigé O’Reilly, la médiatrice de l’UE.
Ça bouge
Revenons à l’actu :
- Les détails de la future convocation de von der Leyen.
- Les eurodéputés ont donc décidé de convoquer la présidente de la Commission devant leur commission Covid pour qu’elle s’explique sur l’affaire des SMS, et plus globalement sur les négociations avec Pfizer au sujet des vaccins anti-Covid.
- « L’UE a dépensé beaucoup de ressources publiques dans la production et l’achat de vaccins pendant la pandémie. Le Parlement a le droit d’obtenir une transparence totale sur les modalités de ces dépenses et les négociations préliminaires qui y conduisent », a commenté l’eurodéputée socialiste belge Kathleen Van Brempt auprès de Politico.
- La demande émanant du Parlement ne signifie toutefois pas que von der Leyen va vraiment finir par venir s’expliquer :
- C’est la présidente du Parlement, Roberta Metsola, qui décidera – ou non – de la convoquer.
- Or, Metsola et von der Leyen sont issues de la même formation européenne : le Parti populaire européen (PPE).
- En outre, même si Metsola finit par la convoquer, von der Leyen aura toujours le loisir de décliner l’invitation. Comme Bourla avant elle.
- En plein Qatargate, il serait toutefois très mal vu qu’elle se défile.
- C’est la présidente du Parlement, Roberta Metsola, qui décidera – ou non – de la convoquer.
- Il faut aussi rappeler qu’une enquête a été ouverte par le bureau du procureur général européen (EPPO) en octobre dernier.
- Elle porte officiellement sur « l’acquisition des vaccins anti-Covid dans l’UE ».
- On ne sait donc pas clairement si Ursula von der Leyen est directement concernée.
- Si c’est le cas, cela pourrait être très embêtant pour elle, dans la mesure où les enquêtes de l’EPPO portent sur des affaires pénales.
2. Les détails du possible blacklisting de Pfizer :
- Les députés européens de la commission Covid ont voté en faveur de l’exclusion de Pfizer du Parlement.
- La proposition émanait du Groupe des Verts.
- Le PPE et Renew Europe ont voté contre, mais leur opposition n’a pas été suffisante.
- Ici aussi, ce sont l’affaire des SMS, les no show de Bourla et l’opacité des contrats obtenus par Pfizer qui ont poussé les parlementaires à vouloir exclure les lobbyistes de la firme pharmaceutique américaine.
- On n’en est pas encore là : la décision doit encore passer par des processus internes du Parlement.
- C’est désormais à la Conférence des présidents des commissions (CPC) de se prononcer sur ce vote contre le géant américain, précise Euractiv. Cela devrait prendre au moins un mois.
- Plusieurs détails doivent encore être réglés : tous les représentants de Pfizer seront-ils exclus, ou la sanction ne concernera-t-elle que Bourla ? Et pour combien de temps ?
- La CPC peut aussi très bien aller contre le vote des eurodéputés et décider de laisser les clés du Parlement à tout le monde chez Pfizer.
- C’est désormais à la Conférence des présidents des commissions (CPC) de se prononcer sur ce vote contre le géant américain, précise Euractiv. Cela devrait prendre au moins un mois.
- Enfin, terminons sur une précision de taille faite par Politico : même si la CPC acte l’exclusion de tous les lobbyistes de Pfizer du Parlement, les eurodéputés qui le souhaitent pourront toujours les convier… comme invités privés.