La licence d’Ubisoft, âgée de plus de 15 ans, s’offre un retour aux sources. Après s’être orientée vers un genre A-RPG en monde ouvert, elle revient à ce qui a fait son succès. Assassin’s Creed Mirage est-il un pari réussi pour Ubisoft ? Oui, mais non.
Les attentes des joueurs étaient grandes concernant d’Assassin’s Creed Mirage, notamment chez ceux qui éprouvaient une certaine lassitude vis-à-vis de la série. Ces dernières années, Ubisoft a en effet entamé une révolution pour la série. Et si les épisodes Origins et Odyssey étaient – de notre avis, du moins – particulièrement réussis, de véritables pépites, Valhalla (2020) s’éloignait trop profondément de la série. En raison de son univers, mais aussi de ses mécaniques de jeu, toujours plus brutales et frontales.
Un scénario sans surprise
Assassin’s Creed Mirage nous fait ainsi incarner Basim, que l’on a déjà pu apercevoir dans Valhalla notamment. Copie plus mature du personnage d’Aladdin de Disney, Basim est animé par une quête de réponses et de justice. Si bien que sa voie pour rejoindre « Ceux qu’on ne voit pas » et combattre les puissants de son monde était toute tracée.
Un schéma classique pour un Assassin’s Creed, mais alors que les précédents volets prenaient le temps de poser un cadre et de développer ses personnages, Mirage va droit au but. Et tant pis pour l’attachement. En comparaison d’un Bayek (Origins) ou d’un Alexios/Alexandra (Odyssey), Basim est vide et un peu ennuyeux. Il manque fortement de personnalité et de profondeur. C’est dommage.
C’est pareil pour l’histoire. Elle reproduit les schémas classiques des gentils et des méchants, sans prendre le temps de creuser davantage. « Voici la liste des méchants, tuez-les » et voilà. Le fait que les quêtes puissent se faire dans le désordre n’aide pas à faire naitre un sentiment de menace réel. Quant à conclusion de l’histoire, cette dernière est finalement très vite expédiée, de sorte qu’on ne comprend pas forcément tout. Beaucoup de questions sont laissées en suspens.
Les joueurs des premiers volets seront tout de même sans doute touchés par les nombreux clins d’œil aux épisodes précédents. Une façon assez peu subtile de la part d’Ubisoft de dire : regardez, on fait un jeu qui ressemble aux premiers !
Un condensé de gameplay
Une observation que l’on peut également faire au niveau du gameplay. L’infiltration et les assassinats si chers aux premiers volets de la saga sont à nouveau au cœur du jeu et… c’est un véritable plaisir ! Mais un retour aux sources ne veut pas dire qu’on doit s’y cantonner. Un peu de surprise, de nouveauté ou quelques subtilités n’auraient pas été de trop.
Au final, on fait face à quelque chose qui date. Et les quelques (très) rares propositions faites n’offrent véritablement aucune excitation ni challenge. Les mécaniques du jeu sont trop semblables à ce que l’on connaissait déjà trop.
Reste qu’on mentirait si on disait qu’on n’a pas apprécié y jouer pour la cause. Retrouver toutes ses mécaniques a été un véritable plaisir, une sorte de madeleine de Proust pour le joueur de la première heure d’Assassin’s Creed que nous sommes.
Visuellement en deçà
Outre son gameplay, la licence Assassin’s Creed s’est fait remarquer par sa beauté visuelle. Ainsi si Origins nous a mis une claque en son temps, de même qu’Odyssey, du fait qu’ils ont été développés en même temps, Mirage pique aux yeux.
On a l’impression que, visuellement parlant, le jeu a également fait un bond dans le passé et, dans ce sens, ce n’est évidemment pas positif. Alors certes, il y a de très jolis paysages et endroits, quelques jolies cinématiques – encore heureux -, mais on reste assez proche de ce qu’on a pu voir dans Origins et Odyssey, l’effet waouw en moins.
De plus, on a rencontré pas mal de souci de texture, de personnages qui rentrent dans le décor, des animations rigides, ce genre de choses. La maniabilité de Basim laissait également à désirer, tant ce dernier répondait comme il voulait aux commandes ou n’y répondait tout simplement pas. Méchant Basim. Quant à l’IA, elle ne fait pas honneur à toute l’attention suscitée par cette technologie en 2023. Assassiner des soldats juste à côté de leurs collègues est un jeu d’enfant tant ces derniers sont aveugles, sourds et incroyablement stupides.
Rapport qualité/prix
Une quinzaine d’heures suffit pour terminer la trame principale, mais une plus d’une vingtaine pour les quêtes annexes et compléter les différentes collections. Ubisoft a fait une croix sur le monde ouvert pour proposer quelque chose de plus condensé, même si les rues de Bagdad sont pleines de vie, à l’image de ce que proposaient les premiers jeux.
Une durée de vie riquiqui en comparaison des derniers volets qui divisera sans doute les joueurs. Reste qu’on a apprécié, car finalement plus digeste pour celles et ceux qui ont aujourd’hui moins de temps à accorder à des jeux extrêmement longs. On a également apprécié son prix ! Rappelons en effet qu’Assassin’s Creed Mirage est proposé à une cinquantaine d’euros sur PS5.
Conclusion
Avec Assassin’s Creed Mirage, Ubisoft réalise un retour aux sources réussi. Tant le bon que dans le mauvais. On retrouve tout ce qui a fait le succès de la série ; infiltration, assassinats, complots, lutte des classes. C’est parfait à ce niveau. Mais on n’aurait pas été contre quelques surprises et originalités. De quoi pallier les défauts dont le jeu souffre, dont une IA bancale, un scénario classique, un personnage peu profond et un aspect visuel fort vieillot ? Pas vraiment. De là à passer un mauvais moment ? Pas du tout. Les fans de la première heure apprécieront sans aucun doute ce retour aux bases, mais l’expérience pourrait être moins appréciable pour les nouveaux venus. Ubisoft a déjà placé la barre plus haut, mais Assassin’s Creed Mirage repose-t-il de nouvelles fondations pour que la licence de plus de 15 ans déjà se poursuive de plus belle ? On l’espère, mais de sérieux efforts devront être réalisés.
Test initialement publié dans la newsletter Tech Insider. Abonnez-vous pour lire les tests de jeux vidéo avant tout le monde.