Après les rennes norvégiens en Russie, les (super) porcs canadiens aux USA. L’information peut prêter à sourire, mais outre-Atlantique, elle inquiète vraiment. Les États-Unis craignent de voir une vague de « super cochons » déferler depuis le Canada.
Dans l’actu : des experts lancent l’alerte sur les « super cochons ».
- Aux USA, plusieurs États frontaliers du Canada tentent d’éviter une invasion de « super cochons » venus du Canada, rapporte AP. Plusieurs experts sont formels : le danger est réel. Car l’animal ravage tout sur son passage.
« Les cochons sauvages sont des épaves écologiques »
Les détails : de quoi parle-t-on ?
- Par « super cochon », experts et politiques désignent en fait un sanglier hybride. Un croisement entre le sanglier eurasien et le porc domestique.
- Le sanglier eurasien a été importé au Canada dans les années 1980 pour diversifier la production animale et pour le tir de gibier. Début des années 2000, le marché s’est effondré et les agriculteurs canadiens ont laissé les animaux quitter leurs enclos. Devenus sauvages, ils se sont alors adaptés à l’hiver local et se sont accouplés avec le porc domestique local. Donnant naissance, donc, au « super cochon », sauvage.
- D’une part, la bête est dotée des (hautes) capacités de survie de l’espèce eurasienne. D’autre part, elle a la taille et la fertilité élevée du porc domestique.
- Ce qui donne une espèce extrêmement invasive. Selon le professeur Ryan Brook, de l’Université de Saskatchewan (Canada), c’est même « l’animal le plus invasif de la planète ».
- D’après ses calculs, même si 65% d’une population de « super cochons » étaient tués chaque année, ceux-ci continueraient à proliférer.
Les explications : pourquoi est-ce un problème ?
- Le professeur Brook sait de quoi il parle. Il y a quelques années, il a réalisé une étude au Canada qui a démontré à quel point ces cochons sauvages pouvaient être nuisibles.
- « Ils peuvent provoquer l’érosion des sols, dégrader la qualité de l’eau, détruire les cultures et s’attaquer aux petits mammifères, aux amphibiens et aux oiseaux », énumère sa collègue la professeure Ruth Aschim. « Des épaves écologiques ».
- Les sangliers sont déjà bien sûr déjà présents aux États-Unis : ils causeraient déjà environ 2,5 milliards de dollars de dégâts aux cultures américaines chaque année. Le risque est que l’espèce canadienne, apparemment encore plus invasive, ne fasse exploser le problème.
- À cela s’ajoute la possibilité que les animaux soient porteurs de maladies, comme la peste porcine africaine.
- Au Canada, la bataille semble déjà perdue. Leur éradication n’est déjà plus possible au Manitoba et en Saskatchewan, selon le professeur Brook. De l’autre côté de la frontière, il n’est pas encore trop tard.
Des hélicoptères pour empêcher les « super cochons » de proliférer
Les solutions : surtout pas la chasse.
- Si certains États du nord des USA n’agissent pas, ils risquent de voir les « super cochons » bousiller leurs terres sous peu.
- Certains, comme le Minnesota, n’en sont encore qu’au stade de « l’examen proactif« . D’autres, comme le Montana, ont déjà agi : l’élevage et le transport de porcs sauvages y sont interdits depuis 2015. Une campagne « Cri sur les cochons » a également été lancée, appelant toute personne ayant vu un porc potentiellement sauvage à alerter les autorités.
- Au cas où ces mesures préventives ne suffiraient pas à empêcher leur prolifération, les experts conseillent d’éviter la solution qui peut sembler la plus évidente : la chasse. C’est inutile, car le taux de réussite des chasseurs ne dépasse pas les 3%. Et, surtout, ça pousse les « super cochons » à être plus méfiants et plus nocturnes. Ce qui les rend encore plus difficiles à traquer.
- Parmi les autres pistes, il y a la pose de gros pièges au sol. Ou le tir de filet depuis des hélicoptères. Aux grands maux les grands remèdes. Certains scientifiques étudient aussi l’usage de poisons, mais il faut être très prudent : cela pourrait nuire à d’autres espèces.