Une station spatiale chinoise deux fois plus grande : l’Occident a perdu sa position dominante en orbite, et n’est même plus sur la liste des invités

La Chine, bientôt première puissance spatiale ? Pékin y croit en tout cas, et compte doubler la taille de sa station en orbite, et sans l’aide des Européens ou des Américains.

Dans l’actualité : la station spatiale Tiangong, ou Palais céleste en chinois (mais les Occidentaux l’appellent tout simplement CSS, pour Chinese Space Station), a été entièrement achevée l’année dernière. Elle compte trois modules depuis l’amarrage du dernier, Mengtian, il y a un peu moins d’un an. Mais la station de 66 tonnes va encore doubler de volume.

Une station spatiale qui grandit

  • La Chine prévoit d’agrandir sa station spatiale pour passer de trois à six modules dans les années à venir, rapporte CNN. Elle lui a aussi fixé une durée de service d’au moins 15 ans, soit 5 de plus que ce qui était précédemment annoncé.
  • Actuellement, l’engin peut accueillir jusqu’à trois astronautes à une altitude orbitale allant jusqu’à 450 kilomètres, et pèse 66 tonnes. Pékin veut le porter à au moins 180 tonnes avec trois nouveaux modules.
  • C’est encore peu par rapport aux 420 tonnes de la Station spatiale internationale (ISS). Mais celle-ci doit terminer son service en 2030, après un ultime prolongement. La Chine capitalise donc pour s’assurer que sa station soit, si rien ne change, la seule en orbite à moyen terme.
  • D’autres projets existent, bien sûr. L’année dernière, les Russes ont annoncé en grande pompe travailler sur leur nouvelle station, mais jusqu’ici on n’en a vu qu’une maquette. Du côté de la NASA et de ses partenaires européens, on espère assembler les premières pièces de Lunar Gateway à la fin de la décennie. Mais il s’agira d’une station en orbite autour de la Lune, un défi qui peut encore prendre du retard.

Les Chinois peuvent donc raisonnablement espérer se retrouver seuls un moment en orbite haute autour de la Terre. Eux et leurs invités : l’année dernière, les médias chinois ont clamé que plusieurs pays avaient introduit des demandes pour envoyer leurs astronautes sur la CSS. Mais visiblement, ça ne comprend pas les agences spatiales européennes.

Objectif : leader spatial en 2045

  • L’Agence spatiale européenne (ESA) a déclaré cette année qu’elle n’avait pas le feu vert « budgétaire ou politique » pour participer à Tiangong. C’est donc du côté européen que ça coincerait. C’est bien possible, mais c’est là une opportunité ratée pour les Européens. Ceux-ci se reposent donc uniquement sur les plans de la NASA, les relations avec les Russes n’étant guère non plus au beau fixe.
  • « Renoncer à la coopération avec la Chine dans le domaine spatial habité est clairement une vision à court terme, ce qui révèle que la confrontation menée par le camp dirigé par les États-Unis a conduit à une nouvelle course à l’espace » commentait à ce sujet le Global Times, un média chinois en langue anglaise très proche du pouvoir.
  • Juste retour des choses, diront les Chinois. Ceux-ci avaient été exclus de toute collaboration sur l’ISS. La loi américaine leur interdit toute participation, directe ou indirecte, aux plans de la NASA, rappelle CNN.
  • En mars dernier, le rapport « Annual Threat Assessment » (évaluation annuelle des menaces), mandaté par le Congrès des USA, estimait que la Chine ferait jeu égal avec Washington dans l’espace dès les années 2030. Et qu’elle pourrait prendre la tête de la nouvelle course entre grandes puissances dès 2045.
  • Les alliés de la Chine dans l’espace se trouvent sans doute parmi le groupe des BRICS (Brésil, Inde, Chine et Afrique du Sud). Encore que l’Inde possède ses propres ambitions spatiales et n’est pas en bons termes avec Pékin.
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