En 2030, il y a de plus en plus de chances que la Coupe du monde soit organisée par un trio un peu particulier : l’Arabie saoudite, avec la Grèce et l’Égypte comme hôtes associés. Et quand on voit les ressources que les Saoudiens y consacrent, ils ne peuvent que mettre toutes les chances de leur côté. Et ils ont deux gros fers de lance : le soutien des deux meilleurs footballeurs des 20 dernières années, Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, qui devront trahir leur pays d’origine.
Leurs adversaires
Les adversaires du trio dans le processus de candidature sont deux candidats de premier ordre, d’une part l’Espagne et le Portugal qui représentent le continent européen, accompagné par un troisième partenaire surprenant : l’Ukraine. Il s’agit manifestement d’un coup de maître de la part du couple ibérique, car il sera difficile pour de nombreux pays de la FIFA de voter contre eux.
De l’autre côté, on trouve l’Argentine, le Paraguay, le Chili et l’Uruguay. Ce dernier a une grande valeur symbolique puisque l’Uruguay a accueilli la première Coupe du monde en 1930.
Les budgets incommensurables
Mais que faire contre un fonds qui a dépensé plus de deux milliards de dollars en sponsoring sportif pour la seule année 2022 ? Les Saoudiens, avec l’incommensurable Fonds d’investissement public – le fonds gouvernemental de la famille royale saoudienne – ont récemment acheté Newcastle United, ce qui constituera une menace majeure pour Manchester City, propriété des Émirats arabes unis, et le PSG, propriété du Qatar.
Ronaldo est l’arme numéro un
Mais bien sûr, cela ne s’arrête pas là. L’équipe de football saoudienne Al Nassr a récemment engagé Ronaldo.
Celui-ci fait déjà le bonheur des jeunes Saoudiens, qui aiment vraiment le football, contrairement à leurs voisins du Qatar. Il apportera un peu d’éclat à la ligue, mais il ne faut pas s’attendre à ce que celle-ci soit capable de combler le fossé avec les ligues européennes. Les Chinois et les Américains ont également essayé de se mettre à niveau en embauchant Pelé ou Beckham, entre autres, mais ils n’y sont jamais parvenu. Pour cela, Ronaldo est dépassé.
Cependant, le rôle le plus important que jouera Ronaldo sera celui d’une arme qui permettra de remporter la Coupe du monde.
Messi est l’arme numéro deux
Pour cela, Ronaldo a un bon partenaire : Lionel Messi, qui est déjà à la solde du royaume saoudien comme ambassadeur de l’office du tourisme du pays. D’une part, les Saoudiens veulent ouvrir davantage leur pays aux touristes dans le cadre du programme Vision 2030, qui vise à rendre le pays moins dépendant de ses revenus pétroliers. De l’autre, ils veulent aussi ramener la Coupe, et Messi peut certainement les aider.
Leur dilemme moral
Nous nous trouvons donc dans la situation particulière où les deux icônes du football devront trahir leur pays à la fin de leur carrière – il est difficile de dire les choses autrement – car tous deux n’auront probablement pas d’autre choix que d’afficher leur soutien à la candidature saoudienne pour la Coupe du monde. Cette offre est donc diamétralement opposée à celles de l’Argentine et du Portugal. Tout est à vendre, y compris la Coupe du monde, comme l’ont montré les deux précédentes éditions au Qatar et en Russie.
Les vrais décideurs
En outre, ce sont finalement les membres de la FIFA eux-mêmes qui voteront et ici, les pays européens et sud-américains sont vraiment en minorité, chaque pays disposant d’une voix. Le passé a montré que des régions comme les Caraïbes et l’Afrique ont proportionnellement beaucoup plus de poids que, par exemple, l’Amérique du Sud.
Il s’inscrira dans le rêve du patron de la FIFA, M. Infantino, de faire du football un sport véritablement mondial.
Ceux qui étaient déjà inquiets pour le Qatar, avec l’Égypte – n’oublions pas que ce pays est aussi une dictature – et l’Arabie saoudite en 2030, peuvent se déchaîner. Mais le Qatar nous a appris une chose. Quand le football commence, personne ne se soucie des droits de l’homme ou de l’environnement.
Xavier Verellen est un auteur et un entrepreneur. Son récent livre « Top athletes are CEOs », qui montre que le leadership fait la différence entre les champions et les superchampions, est en vente à la librairie Standaard ou en ligne sur https://topsporterszijnceos.businessam.be/
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