La Belgique fait du shopping chez son propre fabricant d’armes : un contrat exclusif avec la FN Herstal à 1,7 milliard d’euros est sur la table

L’accord aurait dû être discuté cette semaine à huis clos en commission des Achats et ventes militaires de la Chambre, mais il n’y avait pas suffisamment de députés présents. Manifestement, ils n’étaient pas tous conscients de l’ampleur considérable du dossier qui les attendait : des achats d’armes sur plusieurs années auprès de la FN Herstal. Ce qui permettrait à l’entreprise de mettre en place de nouvelles chaînes de production.

  • L’Echo révèle les détails de l’accord : le gouvernement fédéral souhaite, par l’intermédiaire de la Défense – et la ministre Dedonder (PS) – et de la police – via la ministre Verlinden (CD&V), acquérir des armes et des munitions pour un total de 1,7 milliard d’euros. Cet accord durerait pas moins de vingt ans et garantirait des emplois au géant wallon de l’armement.
  • À noter : la FN Herstal est depuis longtemps entièrement contrôlée par la Région wallonne, ce qui est remarquable compte tenu de la présence d’Ecolo au sein du gouvernement. Pourtant, par le passé, l’entreprise a vendu d’importantes quantités d’armes à des pays tels que l’Arabie saoudite, impliquée dans un conflit meurtrier au Yémen.
  • Dedonder souhaite tirer parti d’une réflexion européenne visant à renforcer « l’autonomie stratégique nationale », ce qui implique également le renforcement de l’industrie européenne de la défense. Elle espère que d’autres pays européens se tourneront également vers la FN Herstal. Les Français seraient déjà intéressés, avec un contrat de 100 millions d’euros. Selon Dedonder, cela devrait « renforcer l’autonomie stratégique et nationale », tout en prolongeant la durée de vie de la FN Herstal de vingt ans.
  • Cet argument permet de contourner les règles du libre marché : la commande de 1,7 milliard d’euros sur vingt ans ne transite pas par un appel d’offres public, mais est simplement passée auprès de l’entreprise publique. Grâce à une exception dans les règles du marché unique européen, lorsque des « intérêts essentiels de sécurité » sont en jeu.
  • De plus, un argument « communautaire » est avancé pour contrer d’éventuelles critiques : la FN Herstal investira également dans une usine limbourgeoise, créant ainsi des emplois de l’autre côté de la frontière linguistique. Cela devrait suffire pour faire passer le dossier au sein du gouvernement Vivaldi.
  • L’Inspection des Finances a déjà émis un avis extrêmement critique, selon L’Echo. Elle estime que la concurrence sera exclue pendant vingt ans. Dedonder souhaite faire avancer le dossier au sein du gouvernement dès cette année. L’opposition s’est réveillée après la publication d’articles dans la presse et souhaite examiner le dossier en commission des Achats et ventes militaires.
Plus