Depuis plusieurs mois, les discours catastrophistes au sujet de l’intelligence artificielle pullulent. L’IA menacerait l’humanité. Vinod Khosla, l’un des premiers investisseurs à avoir cru en OpenAI, estime que ce battage est surfait. Ou, tout du moins, qu’on se trompe sur la nature véritable de la menace.
Dans l’actu : Khosla redirige les craintes vis-à-vis de l’IA.
- Lors d’une conférence organisée par Fortune, le capital-risqueur Vinod Khosla s’est exprimé sur les multiples alertes lancées à l’encontre des potentielles (graves) dérives de l’intelligence artificielle.
- En y plaçant 50 millions de dollars en 2019, il a été l’un des tout premiers gros investisseurs d’OpenAI. Il est donc loin d’être désintéressé. Mais y a-t-il une seule personnalité de la tech et/ou de l’investissement qui l’est, face à un tel sujet ?
L’apocalypse : bullshit, selon Khosla.
- Dans un premier temps, Khosla a tenu à balayer les prédictions apocalyptiques au sujet de l’IA, qui fleurissent depuis des mois. « L’argument catastrophiste ne vaut pas la peine d’être discuté », a-t-il assuré.
- Selon lui, la race humaine a autant de chances d’être anéantie par l’IA que par un astéroïde. La presse a amplifié les risques liés à l’IA parce que « c’est de la science-fiction », estime-t-il.
- Khosla a tout de même été interrogé sur les raisons du licenciement (puis du retour) de Sam Altman à la tête d’OpenAI.
- Rappelons ici l’hypothèse avancée par Reuters au sujet d’une lettre alarmiste rédigée par des chercheurs de la firme. Ils auraient confié au CA qu’OpenAI avait fait une découverte susceptible de « menacer l’humanité« . Et qu’avoir un patron trop peu prudent, comme Altman, était trop risqué.
- Khosla a dit connaître les raisons de ces décisions chaotiques mais qu’il préférait ne pas les divulguer. Selon lui, il y a eu « une bande de membres du conseil d’administration mal informés qui appliquaient la mauvaise religion au lieu de prendre des décisions rationnelles ».
- OpenAI est « en bien meilleure posture aujourd’hui qu’il y a un mois », a-t-il ajouté. « C’est une bonne chose ».
L’IA ne menace pas l’humanité, mais…
Les autres risques ? Tout à fait réels.
- Khosla n’observe toutefois pas les progrès de l’IA avec un optimisme béat. Il identifie lui aussi des menaces, sur lesquelles les plus pessimistes ne se concentreraient pas. Ou du moins pas assez.
- D’une part, il y a le risque que certaines puissances n’utilisent l’IA pour manipuler les élections. Ce n’est bien sûr pas la première fois qu’on en parle. Mais pour lui, c’est sans doute la menace n°1 à court terme.
- Il craint notamment des manipulations autour de l’élection présidentielle américaine. En provenance de Chine, voire de Russie. « Je dirais qu’il y a une probabilité de 95 % que [les robots chinois] aient une influence sur l’élection. Et nous devrions nous en inquiéter », a-t-il prévenu.
- Et d’ajouter : « Il pourrait y avoir un robot [au service de la désinformation] pour chaque électeur en 2024. »
- D’autre part, Khosla confirme le sérieux d’une autre menace souvent mise en avant – mais aussi régulièrement réfutée : le remplacement de certains métiers.
- « 80% (des fonctions de travail) qui comprennent 80% des emplois à valeur économique pourront être effectués par l’IA« , a-t-il avancé.
L’IA promettrait de grandes avancées pour la santé et la médecine
Et les avantages dans tout ça ? Ils sont bien là, selon Kohsla.
- Le célèbre capital-risqueur estime que l’IA sera d’une grande aide pour l’amélioration de la santé humaine. Selon lui, elle va être très utile pour prévenir les problèmes de santé, ainsi que pour le suivi médical.
- Khosla pense aussi que l’IA va permettre de concevoir des médicaments adaptés à chaque être humain. Là où nous sommes actuellement à de la médecine « brute » (le même traitement/médicament pour tous), on va passer à des soins beaucoup plus individualisés.
- Enfin, l’investisseur se réjouit de l’apport de l’IA dans le codage. Il suffira d’écrire ce que l’on veut, celle-ci posera quelques questions puis se chargera de livrer le produit demandé.
- « Un milliard de personnes dans le monde programmeront dans les 10 prochaines années », a-t-il résumé. « Autrement dit, le développement de logiciels ne sera plus réservé aux personnes connaissant les langages de programmation ».