À l’heure où les villes américaines débattent pour changer leur système de mobilité et pour s’attaquer à la domination de la voiture, elles devraient prendre exemple sur Bruxelles. Une ville qui partage, plus que d’autres villes européennes, le passé « car friendly » des centres urbains des Etats-Unis, mais qui a su développer une mobilité plus multimodale, ces dernières années, estime le site d’informations économiques.
Le constat : les villes américaines et leurs gros boulevards. La voiture y règne en maître absolu.
- Certains citoyens demandent à ce que les villes changent, « comme en Europe » : pistes cyclables, piétonniers, mobilité douce, désengorgement du trafic, développement des transports en commun, etc.
- Les opposants répondent alors qu’en Europe, les villes ont été conçues différemment, avant la voiture, et qu’un tel changement ne se fera pas en un claquement de doigts.
- C’est vrai, mais ça dépend des villes européennes, vient nuancer Bloomberg CityLab. Il faudrait surtout s’inspirer de Bruxelles : voir comment la mobilité a changé dans la capitale belge sur les dix, voire vingt dernières années.
Bruxelles, l’Américaine
Le contexte : le tout à la voiture, en Belgique plus qu’ailleurs en Europe.
- Dès le début du XXe siècle, les usines automobiles étrangères viennent s’installer en Belgique, rappelle le média américain. À partir de là, de nombreux parallèles peuvent être tirés entre notre pays, sa capitale et les États-Unis : le développement de l’idée que la voiture est synonyme de liberté, la suppression de trams au profit de routes plus larges pour accueillir plus de voitures et même la suppression de quartiers entiers pour construire des gratte-ciels et des autoroutes qui se prolongent jusque dans le centre-ville. Un programme alors appelé le « Plan Manhattan ».
- « Bruxelles d’après-guerre est devenue l’une des capitales européennes les plus car friendly« , décrit Bloomberg.
- « L’idée était que nous devions devenir une ville américaine », retrace aussi Pascal Smet, secrétaire d’Etat à la région bruxelloise, chargé de l’urbanisme (Vooruit). « Il y a donc eu beaucoup de destruction ».
- Résultat : petit à petit, le centre-ville est devenu de plus en plus engorgé. En 2014, Bruxelles comptait parmi les deux villes en Europe et en Amérique du Nord avec le plus de bouchons : 83 heures en moyenne, par automobiliste et par an.
Les choses changent
L’essentiel : la prépondérance de la voiture diminue.
- Mais ces dernières années, les choses changent rapidement. Les déplacements en vélo augmentent et ceux en voiture diminuent. La part de ces derniers a baissé de deux tiers en 2017 à moins de la moitié en 2021. Aujourd’hui, moins de la moitié des ménages bruxellois sont propriétaires d’une voiture, contre 75% il y a 20 ans. La capacité des transports en commun (en termes de sièges) a augmenté de 30% par rapport à avant la pandémie.
- Le centre-ville est aussi devenu plus fermé à la voiture, par plusieurs vagues (qui ont amené leur lot de contestations). Ainsi, il compte aujourd’hui la deuxième zone piétonne la plus grande d’Europe, après Venise. Mais toutes les communes mettent en place des mesures pour réduire le trafic.
Servir d’exemple aux Etats-Unis
- Ainsi, Bruxelles, le développement de sa mobilité ces dernières années et son passé de ville « car friendly » devraient servir d’exemple aux États-Unis, selon Bloomberg. Notre capitale serait un meilleur modèle que d’autres villes, car elle n’a justement « ni la solide culture cycliste d’Amsterdam, ni le système de transport en commun complet de Paris », ni la multimodalité de Berlin et Copenhague. Mais parce qu’elle a ce passé que partagent aussi les villes américaines, et qu’elle a réussi à se transformer.
« Si la ville de Bruxelles, encombrée de voitures, peut se transformer en moins d’une génération, on ne voit pas pourquoi Boston ou Seattle ne pourraient pas faire de même. Ceux qui souhaitent réduire l’emprise de l’automobile sur l’Amérique urbaine devraient voir la capitale belge comme une source d’inspiration et d’orientation. »
Bloomberg CityLab.