L’Occident peut se frotter les mains (et remercier Shell) : le rouble russe chute à son plus bas niveau en un an

La devise russe est à son plus bas depuis avril 2022 à la suite de spéculations sur l’intention du géant pétrolier Shell de rapatrier plus d’un milliard de dollars de bénéfices initialement en roubles.

Pourquoi est-ce important ?

L'économie russe aura tenu bon l'année dernière, mais elle semble désormais être en train de vaciller, plus d'un an après le début de la guerre en Ukraine et après des vagues successives de sanctions occidentales. En témoigne la chute vertigineuse du rouble par rapport au dollar, indicateur important de la santé économique de la Russie.

L’actu : La valeur du rouble russe par rapport au dollar est à son plus bas niveau en un an.

  • Le taux de change de la devise russe s’est établi au-delà de la barre symbolique de 80 roubles par dollar jeudi, atteignant 81,6 roubles pour un dollar, note Markets Insider.
  • Il s’agit du plus bas niveau de la devise depuis avril 2022, lorsqu’elle se négociait à 83 roubles pour un dollar.
  • Ce vendredi matin, le taux de change du rouble reculait encore, jusqu’à plus de 83 roubles pour un dollar, avant de revenir autour de 81,5 roubles pour un dollar.
  • Cette dernière baisse du rouble a été provoquée par de récentes informations selon lesquelles Shell prévoit de rapatrier et de convertir en dollars 1,2 milliard de dollars de bénéfices initialement en roubles.
    • Selon le quotidien russe Kommersant, le président russe Vladimir Poutine a autorisé Shell à recevoir cette somme pour sa participation dans le projet Sakhaline-2 que la société avait annoncé vouloir abandonner à la suite de l’invasion de l’Ukraine.

Le contexte : Une tendance sombre s’installe pour l’économie russe.

  • Cette baisse de la valeur du rouble intervient alors que la quantité de liquidités disponibles sur le marché russe est en diminution constante.
    • La devise russe a atteint un plus haut niveau en juin 2022, se négociant à 50 roubles pour un dollar.
    • Puis, les revenus russes tirés de l’énergie ont commencé à baisser, en même temps que la demande de dollars a augmenté.
    • En parallèle, la Russie doit faire face à une pénurie croissante de liquidités.
      • La banque centrale russe a annoncé début mars que le manque de liquidités des banques russes s’est aggravé pour atteindre 7000 milliards de roubles, selon Reuters.
      • « Or la faible liquidité du marché des devises entraîne une volatilité accrue du rouble« , explique à Bloomberg Dmitry Polevoy, de la société moscovite Locko-Invest.
  • Il y a également une fuite de capitaux étrangers en raison des sanctions imposées par les pays occidentaux, malgré les tentatives de Poutine de bloquer cet exode via une « taxe de sortie ».
    • Selon Bloomberg, le total des ventes d’actifs des sociétés quittant la Russie s’élevait entre 15 et 20 milliards de dollars l’année dernière.
  • La semaine dernière, Vladimir Poutine a admis pour la première fois que les sanctions occidentales avaient un effet négatif sur l’économie russe à moyen terme.
  • En parallèle, le yuan chinois a dépassé en février le dollar américain en tant que monnaie la plus échangée en Russie.
    • Cette différence s’est accentuée en mars, selon les données compilées par Bloomberg sur la base des rapports de transaction quotidiens de la Bourse de Moscou.
    • Avant l’invasion, le volume des échanges de yuans sur le marché russe était négligeable.
    • En cause : les sanctions occidentales empêchent les institutions russes d’effectuer des transactions en dollars.
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