Une période de transition

Nina Lagron, CFA, gérante actions internationales à La Financière de l’Echiquier – LFDE, stock picker depuis plus de 30 ans, se concentre sur les entreprises de croissance innovantes. Et livre son éclairage sur le contexte actuel, entre prudence et optimisme. 

Nous évoluons actuellement entre deux paradigmes. Nous vivons une période de transition durant laquelle les marchés baissiers sont un trait d’union entre deux ères. Au cours des quinze dernières années, la désinflation et les taux d’intérêts extrêmement bas ont accru les valorisations, un temps qui semble aujourd’hui révolu. Les modèles d’entreprises ne sont peut-être plus adaptés à l’environnement dans lequel nous entrons, qui n’est pas encore entièrement établi. 

Vers une nouvelle ère 

La reprise durable sera selon nous liée au leadership de secteurs innovants ou d’entreprises se distinguant par de nouvelles idées commerciales. Les sociétés du secteur de la santé, de la pharmacie et des technologies médicales tout particulièrement ont un grand potentiel, et sont en capacité selon nous de délivrer des rendements intéressants. Leur profil de croissance défensif suit jusqu’à présent une tendance séculaire.  

Nous sommes actuellement au début du ralentissement économique, et le creux de la vague, notamment pour les prévisions d’évolution des chiffres d’affaires, devrait être atteint mi-2023. Les perspectives du géant des logiciels Microsoft[1] en ont déjà donné un avant-goût. Les banques centrales poursuivent leur resserrement monétaire, alors que les marchés suivent un scénario de désinflation, ce qui engendre une hausse des cours. Nous estimons cette vision prématurée, compte tenu de la persistance d’une inflation élevée ces prochains mois. A contrario, les perspectives conjoncturelles se sont nettement améliorées, en particulier pour l’Europe : le scénario catastrophe d’un hiver long et froid et d’un manque d’énergie marqué ne s’est pas produit jusqu’à présent, et c’est là un facteur de soutien. 

Trouver un nouveau moteur de croissance est donc une nécessité. Depuis la réouverture de la Chine, les espoirs reposent sur l’Empire du Milieu. Ces attentes ne sont pas injustifiées, une relance de la Chine pourrait contribuer à atténuer le risque d’une récession dans les autres zones. Les actions cycliques, valeurs sensibles au cycle économique par exemple ont ainsi déjà connu un net rebond, compensant leur sous-performance depuis le milieu de l’année 2022. 

Une sous-estimation de l’inflation ? 

Les effets du second tour de cycle de l’inflation ne sont pas encore diffusés, voici ce qui est sous-estimé. Le plus grand employeur du monde, le géant américain Walmart, qui emploie plus de 2 millions de personnes, vient d’annoncer l’augmentation du salaire minimum horaire de 12 à 14 dollars, ce qui  conduira la concurrence à s’aligner. Si cette mesure soutient la consommation, le dernier chapitre de l’histoire de l’inflation n’est pas encore écrit et risque d’impacter les marges des entreprises, qui restent toujours à leur plus haut niveau des deux côtés de l’Atlantique. La croissance des chiffres d’affaires est, jusqu’à présent, maintenue à un niveau important et les prix d’achat plus élevés ont pu être répercutés sur les consommateurs. Mais ces hausses deviennent plus difficiles à appliquer sans perde de clients. Les marges sont ainsi sous pression et les valorisations des actions encore très élevées. 

Pays émergents 

Au sein de notre stratégie actions internationales de croissance[2], nous nous concentrons tout particulièrement sur les marges. Pour être éligibles, les entreprises doivent être en mesure de les maintenir afin qu’elles soient, idéalement, deux fois et demie supérieures à celle de notre indice de référence, le MSCI ACWI NET Return Euro. Compte tenu de la concurrences des obligations vis à vis des actions, le rendement du dividende et les free cash-flow jouent un rôle important dans la sélection de titres. Aussi nous concentrons-nous particulièrement sur des valeurs de croissance, dont la croissance du chiffre d’affaires est d’au moins 8%. 

Enfin, les pays émergents recèlent à nos yeux d’un grand potentiel, notamment les valeurs financières en général et les banques sud-américaines en particulier. Les établissements financiers profitent indirectement du succès des exportations de leurs clients dans les secteurs de l’énergie et des matières premières. Les banques centrales d’Amérique du Sud ont un temps d’avance sur leurs homologues des pays industrialisés, le cycle de hausse des taux d’intérêts, qui a été lancé très tôt, a déjà pris fin dans de nombreux pays. 

A travers la flexibilité de notre stratégie actions internationales, nous continuerons de nous adapter au contexte économique international et de mener une gestion de conviction en quête, selon nous, des leaders de demain. 

Disclaimer : Les opinions émises dans le document correspondent aux convictions du gérant. Elles ne sauraient en aucun cas engager la responsabilité de LFDE.


[1] Les valeurs citées sont données à titre d’exemple. Ni leur présence dans les portefeuilles gérés, ni leur performance ne sont garanties.

[2] Risque de perte en capital, risque action, risque de change, risque de gestion discrétionnaire. Pour plus d’informations sur les caractéristiques, les risques et les frais de cette stratégie, veuillez consulter les documents réglementaires disponibles sur www.lfde.com.

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