Les dinosaures fascinent chaque génération d’enfant depuis, au moins, la sortie du premier film Jurassic Park, en 1993, et le tricératops fait partie des plus emblématiques de ces terribles sauriens. Certains de ces gosses n’ont jamais abandonné leur passion pour la paléontologie et, grâce aux progrès techniques et scientifiques, ils travaillent maintenant à remettre en lumière la vie de ces animaux du passé, comme celle du tricératops Big John.
Big John mérite bien son surnom, même s’il l’a hérité du propriétaire du ranch dans lequel il a été découvert, en 2014. Trois mètres de haut pour huit de long et un poids estimé à 700 kg, encore qu’il devait plutôt avoisiner les 7 à 10 tonnes quand il avait encore des muscles et de la chair sur ses os. Big John est un très beau spécimen de fossile de tricératops, complet à 60%, et jusqu’à 70% pour le crâne, très impressionnant avec sa collerette osseuse de 2 m 60 de large. Big John a été vendu aux enchères le 21 octobre dernier à l’Hôtel Drouot, à Paris, pour 6,6 millions d’euros. Mais il a pu passer entre les mains des scientifiques pour faire avancer nos connaissances sur cette espèce de dinosaure qui a vécu il y a 66 millions d’années.
Les os perforés
Les chercheurs se sont particulièrement intéressés au crâne de l’animal, percé de « fenestra » soit des trous plus ou moins réguliers, comparables par leur forme à des trous de serrures, illustre IFLscience. Or, ces fractures osseuses peuvent nous donner une idée des dangers auxquels le tricératops a fait face dans sa vie – littéralement.
Autour du trou se trouvaient des signes de dépôts osseux qui, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Scientific Reports, auraient pu se développer à la suite d’une inflammation, peut-être due à une infection. En outre, l’os à cet endroit était très poreux et aurait donc pu abriter de nombreux vaisseaux sanguins, comme s’il était nouvellement formé, alors que Big John était indéniablement adulte. Les échantillons d’os présentaient également de petites cavités, signe d’un remodelage en cours. Combinées, ces preuves d’inflammation et de remodelage indiquent que la blessure est le résultat d’un combat qui a ensuite guéri.
Des duels entre animaux de la même espèce
Big John était du genre bagarreur, et les chercheurs pensent qu’il est probable que le dinosaure ait subi la blessure lors d’un combat avec un autre tricératops dont la corne a transpercé la collerette du dinosaure. Une partie dure de leur crâne protégeant la nuque qui, en combinaison avec ses imposantes cornes, a longtemps été imaginée comme jouant un rôle dans les duels entre animaux pour le territoire ou la reproduction, comme chez les rennes ou les cerfs actuels.
Ce duel n’a cependant pas été fatal à Big John et s’est probablement produit environ six mois avant sa mort, si l’on en croit ces indices de guérison en cours. Ceux-ci ne sont toutefois pas suffisants pour déterminer si le tricératops avait remporté ou non ce qui fut sans doute son dernier combat.