Des ventes à découvert massives contre des actifs israéliens, quelques jours avant les massacres commis par le Hamas. Une étrange découverte faite par des chercheurs américains qui a bien peu de chance d’être un hasard.
De mystérieux traders semblaient bel et bien au courant de l’attaque du Hamas du 7 octobre, et ont pu faire de gros bénéfices
Pourquoi est-ce important ?
Ces dernières semaines ont bruissé des manquements plausibles du contre-espionnage israélien, qui aurait eu vent d'une attaque imminente du Hamas sans en réaliser l'ampleur. Ça sera aux historiens de déterminer à quel point les renseignements hébreux ont fauté. Mais d'autres fuites possibles sont bien plus interpellantes.Les faits : des traders ont misé sur une baisse des cours des entreprises israéliennes via des ventes à découvert, massivement et à contre-courant des tendances du marché, et ce quelques jours avant le raid meurtrier du 7 octobre dernier.
Des ventes à découvert trop bien placées
- Cette analyse des flux économiques, publiée ce lundi, n’a pas encore été revue par des pairs. Mais elle a été réalisée par des professeurs de droit de l’Université Columbia et de l’Université de New York ; parmi ceux-ci, l’ancien commissaire de la SEC Robert Jackson Jr., actuellement professeur à NYU, et Joshua Mitts, professeur de droit à Columbia. On est bien loin de la rumeur sur les réseaux sociaux alimentée par des images détournées.
- Selon le document, intitulé « Trading on Terror? », une augmentation « significative » et « inhabituelle » de la vente à découvert d’actifs populaires israéliens a pu être observée, jusqu’à cinq jours avant l’attaque. La vente à découvert est un moyen de parier contre la valeur d’un titre.
- Or ça n’avait rien d’anecdotique : ces paris contre la valeur du Fonds négocié en bourse MSCI Israel (ETF) ont dépassé ceux connus durant la pandémie de Covid-19, la guerre Israël-Gaza de 2014 et la crise financière mondiale de 2008, constate le document.
- Un exemple parmi d’autres : entre le 14 septembre et le 5 octobre, 4,4 millions de nouvelles actions ont été vendues à découvert via Bank Leumi, l’une des plus grandes banques d’Israël. Or, le cours de l’action de Bank Leumi s’est effondré après l’attaque : il a chuté de 23 % entre le 4 et le 23 octobre.
De l’argent sur le dos des morts
Les conclusions : « Nos résultats suggèrent que les traders informés des attaques à venir ont profité de ces événements tragiques », concluent les auteurs de l’étude. Celle-ci doit encore être prise avec des pincettes, mais elle n’a pas été d’emblée rejetée par le monde scientifique. Jonathan Macey, professeur à la Yale Law School, a estimé auprès de CNN que ces conclusions étaient des plus interpellantes.
« Les preuves que les traders informés en ont profité en anticipant l’attaque terroriste du 7 octobre sont fortes […] Les régulateurs semblent manquer de capacité à découvrir les entités responsables de ce trading, ce qui est regrettable. »
Jonathan Macey
Que le sommet de l’iceberg
- Nous n’en sommes qu’au début de cette enquête ; il est bien trop tôt pour attribuer ces mouvements financiers prophétiques à qui que ce soit. Mais les auteurs soulignent qu’il s’agit là sans doute de la pointe de l’iceberg, et que d’autres mouvements de fond sur le marché du trading ont probablement eu lieu.
- Les auteurs de l’étude ont souligné que leurs résultats n’étaient que « préliminaires » et basées sur des données accessibles au public. Ils soulignaient que les organismes de contrôle comme la SEC pourraient sans doute étoffer leurs données. « Prises ensemble, nos preuves sont cohérentes avec des traders informés, anticipant et profitant de l’attaque du Hamas », estiment les auteurs. Mais il est trop tôt pour crier à la complicité entre des traders et le Hamas ou à imaginer des ventes à découvert au profit des terroristes.