À chaque fois qu’un problème survient au sein d’un gouvernement, des appels à plus de ressources sont lancés et les « coupes sévères » antérieures sont rapidement évoquées. Or, nos dépenses publiques ont connu la plus forte augmentation de toute l’Europe au cours des dernières décennies. Le problème réside bien plus dans la manière dont ces nombreuses ressources sont déployées.
Dans les erreurs qui ont entouré le récent attentat terroriste de Bruxelles, divers acteurs politiques ont fait référence aux coupes sévères opérées dans le domaine de la justice. La grève de 48 heures menée il y a quelques semaines à la SNCB contre « toute mesure d’amélioration de la productivité » se résume en fin de compte à une grève pour obtenir plus d’argent, tout comme les grèves précédentes chez De Lijn. Dans les secteurs des soins de santé et de l’enseignement également, les demandes d’augmentation des ressources reviennent régulièrement sur la table depuis des années. Il semble qu’il y ait une pénurie de ressources dans presque tous les secteurs de l’administration et presque tout ce qui va mal dans l’administration est réduit à la conséquence inévitable du « sous-financement ». Cela contraste fortement avec la réalité de nos dépenses publiques.
Forte augmentation des dépenses publiques en Belgique :
Augmentation des dépenses publiques
Depuis 2000, les dépenses publiques totales (hors charges d’intérêt) de notre pays ont augmenté de 10,4 % du PIB, ce qui représente la plus forte progression des dépenses dans toute l’Europe. En comparaison, dans les pays voisins, qui ont été confrontés à des crises et des défis similaires au cours de cette période, cette augmentation des dépenses a été limitée à moins de la moitié (4,1 % du PIB). En euros d’aujourd’hui, les dépenses publiques primaires de notre pays sont actuellement supérieures de quelque 60 milliards à ce qu’elles étaient en 2000. Plus de la moitié de cette augmentation (33 milliards) est imputable aux dépenses sociales. Et sans intervention, celles-ci vont tout simplement continuer à augmenter dans les années à venir. Par exemple, les dépenses en matière de pensions et de soins de santé augmenteront davantage dans notre pays que dans la plupart des autres pays d’Europe occidentale au cours des prochaines années. Selon des estimations récentes du FMI, la Belgique est en passe d’atteindre le niveau de dépenses publiques le plus élevé parmi les pays industrialisés d’ici 2026.
Vers les dépenses publiques les plus élevées de tous les pays industrialisés :
Regarder du côté des dépenses
Il y a quinze jours, la Banque nationale a publié une analyse sur la soutenabilité des pensions. La réaction des syndicats a été la suivante : il ne faut pas toucher aux dépenses et il n’y a pas de problème de financement tant que l’on augmente suffisamment les cotisations… Lors de la préparation du dernier budget, une série de propositions ont été lancées sur toutes sortes d’impôts supplémentaires, mais le gouvernement est resté silencieux sur les pistes d’économies à réaliser. Les dépenses publiques sont en hausse depuis des années et, sans intervention, cette tendance se poursuivra. Et l’on ne se pose que trop rarement la question de savoir si toutes ces ressources sont utilisées de manière optimale. Même s’il est peu probable que cette question soit abordée lors de la prochaine campagne électorale, si le(s) prochain(s) gouvernement(s) souhaite(nt) redresser quelque peu nos finances publiques, de véritables interventions dans ces dépenses publiques sont inévitables.
L’auteur est Bart Van Craeynest, économiste en chef au Voka.