Attaque du 7 octobre en Israël : le naufrage d’une certaine gauche politique, au PS et chez Ecolo

Une opinion d’Etienne Dujardin, juriste et conseiller communal MR à Woluwe-Saint-Pierre

Les massacres perpétrés par le Hamas la nuit du 7 octobre ont permis de révéler la face sombre d’une certaine gauche au grand public. Il n’y a pas eu autant de juifs tués en une seule journée depuis l’holocauste, mais pour certains, dès le lendemain de cette attaque, il fallait « relativiser », « contextualiser » … comme certains à gauche qui nous servent la théorie de l’excuse sociale ou du « loup solitaire » au lendemain de chaque attaque par un terroriste islamiste en Europe. 

Le premier naufrage d’ampleur est venu du PS et d’Eliane Tillieux qui, sur Bel RTL, n’a pas répondu clairement à la question de savoir si le Hamas était bien un mouvement terroriste. On a ensuite eu droit à André Flahaut qui a comparé Gaza et Varsovie ! Même l’extrême-gauche du type de Mélenchon n’aurait pas osé cette comparaison et cette nazification d’Israël. Tout cela, sans même parler des publications sur les réseaux sociaux de députés comme Jamal Ikazban, député socialiste, qui avait déjà dérapé dans le passé sur la question de l’antisémitisme. On se souvient qu’il avait traité « d’ordure sioniste » Claude Moniquet. Comment le PS peut-il garder sur ses listes un député bruxellois qui avait aussi manifesté pour Oussama Atar à l’époque ? Tous ces naufrages sont évidemment révélateurs d’un PS qui ne sait pas choisir, qui est englué dans le communautarisme. Certains socialistes quittent d’ailleurs le parti pour cette raison.    

Ceci étant, Ecolo est sûrement encore pire que le PS dans l’exercice. Ce matin, c’est la ministre fédérale Zakia Khattabi qui ne qualifie pas le Hamas comme mouvement terroriste, se mettant en marge de la communication du gouvernement sur le sujet et de l’Union européenne, qui désigne le Hamas comme mouvement terroriste. Il y a quelques jours : c’est le député fédéral Ecolo, Guillaume Defossé, qui a complètement dérapé sur les réseaux en affirmant que « Israël a averti de ce qu’il ferait von der Leyen et que celle-ci aurait donné le ‘go’ à un nettoyage ethnique de la bande de Gaza ». Tweet à la fois complotiste et totalement ignoble, mais aucune sanction du parti vert. Pas étonnant lorsqu’on connaît la dérive communautariste que connaissent les écolos. Ce constat est même partagé par l’ancien sénateur Ecolo José Dubié qui en parlait dès 2021. Le plus grave est certainement que cette politique n’est le résultat que d’un recrutement problématique assumé. En plaçant, en 2019, en tête de liste dans le Brabant wallon, des personnes comme le député Simon Moutquin, ancien secrétaire du BDS, mouvement de boycott d’Israël, mouvement déjà condamné par la justice française et déclaré antisémite par le parlement allemand, vous ne pouvez qu’avoir ensuite des dérives sur les messages envoyés lors d’une crise internationale. L’électeur type d’Ecolo en Brabant Wallon n’est certainement pas pour le boycott d’Israël, mais en votant pour les verts, c’est ce genre d’élus avec lesquels ils se retrouvent au parlement. C’est aussi au plus haut niveau de la direction d’Ecolo que le problème existe puisque Rajae Maouane partage encore la semaine dernière des appels à des manifestations quotidiennes pro-Palestine auxquelles participent des mouvements peu recommandables, type Samidoun. Sans oublier que des slogans de haine, des drapeaux nazis ou des slogans antisémites ont été lancés lors des manifestations à Bruxelles. La même Rajae Maouane avait créé le scandale en 2021 en publiant une photo d’un Palestinien munit d’un lance-pierre. La photo était accompagnée de la chanson « Wein Al Malayeen » de la chanteuse libanaise Julia Boutros, connue pour être étroitement associée au Hezbollah. Dans cette chanson, elle appelle le peuple arabe à lutter contre « les fils de Sion ». Enfin, alors que plusieurs pays arabes ont ouvert des ambassades et bureaux diplomatiques avec Israël ces dernières années et que même l’Arabie Saoudite négociait activement avec Israël, Ecolo lui voulait proposer au parlement bruxellois des boycotts des missions économiques en Israël, cherchez encore l’erreur…

Ce naufrage politique n’est pas le seul. On est habitué aux discours d’intellectuels et d’ONG subsidiées militantes de gauche à qui l’on donne facilement le micro médiatique. Un des meilleurs exemples a été l’intervention sur la RTBF de François Dubuisson qui, au lendemain de l’une des attaques les plus ignobles contre Israël, arrive à attaquer exclusivement Israël en plein JT pendant 3 minutes et même le communiqué du Premier Ministre De Croo, jusqu’à dire que le « Hamas voulait rompre les lignes » sans même parler de ce mouvement comme terroriste. Monsieur Dubuisson a donné des conférences au BDS, mouvement de boycott d’Israël : comment peut-il recevoir une telle tribune le lendemain d’attaques terroristes contre Israël sans la moindre contradiction ? Peu après, c’est Alain Gresh qui a lui aussi dérapé, toujours sur les antennes de la RTBF, en affirmant à une heure de grande écoute que dire que le Hamas était terroriste était « abusif ». N’y a-t-il pas moyen de faire des émissions de débats régulières en élargissant le spectre des intervenants et le pluralisme sur le service public ? Cela serait non seulement intéressant mais primordial pour avoir un débat démocratique sain et riche.    

Heureusement, certains sauvent l’honneur, comme Jean Quatremer, journaliste de Libération, l’un des journaux les plus à gauche dans la sphère médiatique française, qui a fait un très bon papier dénonçant ce communautarisme effréné de la gauche belge. En 2013 déjà, il dénonçait, de manière isolée et sous la risée de la gauche bienpensante belge, la saleté de Bruxelles et de la gare du midi. Le microcosme aujourd’hui ne peut que lui donner raison. Il a fallu 10 ans pour s’emparer du sujet. Aujourd’hui, il dénonce le communautarisme de la classe politique de gauche. Faudra-t-il aussi 10 ans pour qu’on lui donne raison et que la presse belge s’y intéresse en détail également ? Il n’y a ni Manuel Valls, ni Bernard Cazeneuve dans la gauche belge. Ou sont les voix à gauche pour défendre clairement et avec force l’universalisme, dénoncer le communautarisme, ou le terrorisme islamiste ? Quel politique de gauche était présent à un rassemblement de soutien au peuple israélien après les attaques du 7 octobre ?  

L’enjeu des élections en juin 2024 sera énorme. Va-t-on laisser cette gauche, dont certains membres sont plus radicaux que des élus LFI, avoir les manettes en Belgique francophone ? Va-t-on aller vers une Flandre très à droite face à une Wallonie et Bruxelles s’inscrivant comme deux régions les plus à gauche en Europe ? Va-t-on laisser la gauche développer le communautarisme avec le voile dans les communes et à la Stib, et le burkini dans les piscines ? Va-t-on laisser la gauche s’opposer à toute politique de migration ou d’intégration plus ferme ? Ces enjeux comme ceux de la baisse de la taxation, des dépenses publiques abyssales qui nous mènent dans le mur faute de réforme, du nucléaire, de l’enseignement, du pouvoir d’achat seront des enjeux structurants des élections avec deux visions claires. L’une de gauche, l’autre de droite. L’électeur devra faire le bon choix, où il se réveillera le lendemain des élections avec la gueule de bois en découvrant : des poussées communautaristes, un chaos budgétaire ingérable dans une Belgique fragilisée et au bord de l’éclatement institutionnel. Un sursaut est nécessaire, il est temps de se réveiller.  

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