Si les arbitres humains ont des lunettes, les IA ont des caméras haute définition et une technologie sous-jacente qui ne risque pas de prendre parti pour l’un ou l’autre camp. Ce sont quelques-uns des nombreux arguments qui plaident en faveur de l’arbitrage par l’IA dans un futur proche. Enfin, en théorie.
Ne dites plus « hors-jeu » mais « 404 error not found » : de plus en plus de voix s’élèvent pour que les arbitres laissent leur place – trop subjective ou propice à l’erreur, selon certains – à l’intelligence artificielle, froide et objective.
- Ce n’est d’ailleurs pas vraiment nouveau : l’IA a déjà laissé sa marque dans l’arbitrage du football avec des technologies telles que l’arbitrage vidéo (VAR) et la technologie de ligne de but. Ces systèmes exploitent l’IA pour analyser les séquences vidéo et prendre des décisions difficiles pour les arbitres humains en temps réel. Ce qui permet aussi d’épargner aux arbitraires les très répandus « Vendus ! » dans les tribunes.
- Depuis 2006, les tournois de tennis professionnels utilisent une vidéo haute définition via un système d’IA pour rendre des décisions définitives sur la position de la balle (dedans ou dehors). Cette technologie ne se contente pas d’assister l’arbitre, elle est l’arbitre.
- Dans des sports comme le baseball, des arbitres robots sont également déjà testés. Ils utilisent des systèmes radar pour déterminer si une frappe est bonne (une « prise ») ou non (une « balle »).
- Le cricket, très apprécié chez les Britanniques, utilise des estimateurs de trajectoire pour prédire le chemin qu’aurait pris une balle si elle n’avait pas été frappée. C’est un début, toutes les grandes technologies doivent commencer quelque part.
- Désormais, c’est la Formule 1 qui fait du pied à l’IA : le septuple champion du monde Lewis Hamilton – qui a été victime de plusieurs décisions controversées des commissaires de course – aimerait voir si l’IA pourrait mieux traiter les incidents en piste. Cela permettrait notamment d’éviter les approximations, les retards dans l’annonce des pénalités et le manque de cohérence d’une course à l’autre, qui ont notamment émaillé la saison 2022.
Zoom-avant : Quels sont les avantages apportés par l’IA dans l’arbitrage sportif ?
- La disponibilité croissante de données de haute qualité et les avancées en vision par ordinateur pourraient révolutionner la façon dont les matchs sont arbitrés. La vision par ordinateur peut analyser à la fois les mouvements des joueurs et du ballon, permettant de prendre des décisions précises, là où l’œil et le cerveau humain sont faillibles.
- Des modèles d’IA pourraient être développés pour prendre des décisions arbitrales basées sur une analyse en temps réel des actions sur le terrain. Ceci pourrait potentiellement conduire à une prise de décision pratiquement instantanée, sans doute possible.
- De plus, l’arbitrage par IA pourrait potentiellement enrichir l’expérience des supporters en fournissant une analyse plus approfondie et informative des événements du jeu.
Comment ? Cette transition ne se fera pas du jour au lendemain, mais plutôt par étapes. Dans un premier temps, les juges de ligne pourraient être remplacés, et l’arbitre pourrait être connecté à un assistant virtuel pour l’aider dans ses décisions. Dans le tennis, par exemple, l’arbitre est toujours bien présent sur sa chaise malgré l’utilisation de l’IA.
Une IA pas assez… humaine
Objection : L’utilisation de l’IA en tant qu’arbitre n’est toutefois pas sans risque et présente plusieurs limitations potentielles. Au-delà de tous les emplois qui seraient supprimés, bien sûr.
- Contrairement aux humains, l’IA ne possède pas d’intelligence émotionnelle (pour le moment). Or cette capacité peut parfois s’avérer cruciale pour prendre des décisions instantanées dans le sport pratiqué par des… humains. En d’autres termes, on risquerait d’avoir un arbitrage trop « froid », et pas assez juste en fonction de certaines circonstances particulières.
- L’IA est censée être objective, mais des préoccupations subsistent quant au risque de biais et de discrimination qu’elle pourrait manifester si elle n’est pas correctement programmée. En gros, elle répète les erreurs des humains qui la programment.
- Les systèmes d’IA peuvent potentiellement dysfonctionner ou commettre des erreurs, ce qui pourrait engendrer davantage de controverses et de mécontentements parmi les joueurs et les fans. On n’est jamais à l’abri de bugs intempestifs, voire de pannes.
- L’utilisation de l’IA dans l’arbitrage sportif implique enfin la collecte et l’analyse de grandes quantités de données. Ce qui soulève de vives inquiétudes quant à la confidentialité et à la sécurité des informations. Un thème très délicat et vivement discuté par les autorités de régulation.