10 questions pour l’économie dans les mois à venir

Les perspectives économiques pour les prochains mois, tant au niveau international que national, demeurent incertaines. De nombreuses interrogations pèsent sur l’économie.

Ces derniers mois, la plupart des pays industrialisés ont pu éviter les scénarios de récession redoutés. Toutefois, cet été a également montré que l’économie mondiale n’est pas encore prête à entamer une nouvelle phase de forte croissance. De nombreuses questions subsistent sur la dynamique économique, à la fois au niveau international et pour la Belgique.

Ci-dessous, dans un ordre aléatoire, 10 questions qui assombrissent les perspectives économiques des prochains mois.

1. Jusqu’où augmenteront les taux d’intérêt, et quel sera leur impact ?

Pour lutter contre l’inflation, les banques centrales de presque tous les pays industrialisés ont augmenté leurs taux directeurs ces dernières années. Ces augmentations semblent maintenant terminées. En Chine, le taux d’intérêt a déjà été réduit. La grande question est de savoir à quel point les augmentations antérieures des taux impacteront l’économie. Cet impact se fait généralement ressentir avec un certain délai, mais il est déjà visible dans de nombreux pays, en particulier sur le marché immobilier. Ces augmentations précédentes continueront certainement à peser sur l’activité économique dans les mois à venir. Il reste à voir à quel point cet impact négatif se propagera.

2. L’inflation rebondira-t-elle après ce ralentissement rapide ?

Après une montée rapide due principalement aux prix de l’énergie, l’inflation diminue dans la plupart des pays. En Belgique, l’inflation devrait même revenir à zéro cet automne. Cependant, c’est essentiellement dû à de fortes fluctuations des prix de l’énergie. L’inflation sous-jacente, c’est-à-dire sans tenir compte des prix de l’énergie, reste inconfortablement élevée. Cela implique que l’inflation devrait rebondir en 2024. Le vrai enjeu est de savoir à quel point elle remontera et comment les banquiers centraux y réagiront.

3. L’économie chinoise s’effondrera-t-elle ?

L’économie chinoise se remet de sa politique stricte zéro-COVID, mais moins fortement qu’espéré. De plus, le marché immobilier est sous pression, ce qui a fait vaciller certains acteurs financiers majeurs. Si la situation se détériore, les autorités chinoises interviendront sûrement. La grande question est de savoir si nous sommes à l’aube de l’éclatement de la bulle immobilière chinoise, un scénario qui aurait des conséquences douloureuses pour l’économie mondiale.

4. Jusqu’où l’industrie allemande déclinera-t-elle ?

L’industrie allemande est sous pression depuis un certain temps. C’est en partie une forme de normalisation après la demande post-COVID. Cependant, d’autres éléments, tels que les prix élevés de l’énergie et les changements structurels dans la production mondiale d’automobiles (notamment concernant les voitures électriques), sont également en jeu. Certains indicateurs avancés de l’industrie allemande approchent des creux de 2008-2009 et de la crise sanitaire, ce qui pourrait être un mauvais signe pour l’ensemble de l’économie allemande et, par extension, pour toute la zone euro.

5. Le reste de l’économie compensera-t-il la morosité de l’industrie ?

Le secteur industriel, en Allemagne comme dans toute la zone euro, est clairement en difficulté depuis un moment. Jusqu’à présent, le reste de l’économie, en particulier le secteur des services, a compensé. La question est de savoir si cela continuera. Historiquement, lorsque l’industrie flanche, le reste de l’économie suit généralement avec un certain délai.

6. Quel sera l’impact sur le marché immobilier belge ?

Comme dans la plupart des autres pays industrialisés, la hausse des taux d’intérêt pèse également sur le marché immobilier belge. Le nombre de nouveaux prêts hypothécaires a chuté de moitié par rapport à la moyenne des années précédentes. Cela aura un impact sur les prix de l’immobilier et l’activité de construction. Bien que les prix moyens des maisons semblent stagner, une baisse est attendue dans les mois à venir. La vraie question est de savoir à quel point cet impact sera profond.

7. Les entreprises continueront-elles à investir en Belgique ?

Les taux d’intérêt plus élevés auront un impact sur les investissements des entreprises. D’autres facteurs, tels que la position concurrentielle affaiblie due à l’énergie chère et aux coûts salariaux croissants, ainsi que les perspectives économiques incertaines, jouent aussi un rôle. De plus, les difficultés et les incertitudes liées aux permis ne contribuent pas à un climat favorable à l’investissement. Les investissements des entreprises sont essentiels à notre création de richesse future. La grande question est de savoir à quel point ils seront réduits dans les mois à venir.

8. Le marché du travail belge résistera-t-il ?

Malgré des perspectives économiques incertaines, le marché du travail belge a bien résisté ces derniers trimestres. Cependant, des signes indiquent qu’il n’est pas immunisé contre les préoccupations économiques. L’intérim a fortement diminué et le nombre de nouvelles offres d’emploi est clairement en baisse. Néanmoins, une baisse drastique de l’emploi semble peu probable, étant donné la pénurie structurelle de main-d’œuvre, notamment en Flandre.

9. La balance courante belge restera-t-elle dans le rouge ?

La balance courante d’un pays donne une indication de sa relation avec le reste du monde. La balance courante belge a été positive pendant des décennies, mais elle a plongé profondément dans le rouge l’année dernière, principalement en raison de la hausse des prix de l’énergie. Plus inquiétant encore, le solde de la balance courante restera probablement négatif dans les années à venir selon les perspectives actuelles, car la position concurrentielle de nos entreprises exportatrices est structurellement affectée.

10. Le gouvernement envisage-t-il de nouvelles augmentations d’impôts ?

Le gouvernement fédéral doit établir le budget pour 2024 cet automne. Il est possible que le gouvernement souhaite y faire un effort limité, du moins pour tenter de contrer les critiques sur le travail budgétaire discutable de cette législature. La question est de savoir dans quelle mesure des revenus supplémentaires seront recherchés. Il n’est pas inconcevable que certaines des mesures proposées pour financer la réduction d’impôts du ministre Van Peteghem (qui a été annulée entre-temps) soient remises sur la table. Étant donné la pression fiscale déjà élevée et les perspectives économiques incertaines, ce ne serait pas une bonne idée.


L’auteur Bart Van Craeynest est économiste en chef au Voka et auteur du livre « Retour aux faits ».

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